Une croissance mondiale d’énergies
primaires issues des schistes et une position française de statu quo
Le mois de mars 2013 a
été marqué par un certains nombres d’évènements marquant la continuité des
Etats-Unis dans leur position prééminente sur le segment des gaz et huiles de
schistes. Les acteurs européens, loin d’une position commune sur le sujet,
semblent jouer chacun leur propre partition, à l’image du Royaume Uni ou de l’Allemagne.
Quant à la France, le débat est toujours actuel, bien qu’amoindri par le moratoire.
Au fur et à mesure que
leur production vire vers l’excédent, les Etats-Unis se sont en proie à un dilemme :
exporter ou non. Les industries qui ont bénéficié d’un « appel d’air »
de l’énergie et/ou de matières premières à bas coût induites par le boom des schistes
sont ainsi peu enclines à voir cet avantage compétitif bénéficier à leurs
concurrents étrangers. En revanche, les groupes pétroliers ont tout intérêt à
diversifier leur marché. Il apparait que ces derniers sont en train d’emporter
la partie, puisqu’un contrat s’étalant sur 20 ans a été signé avec la Grande Bretagne
et portant sur 1.75 MT de gaz. Cela ouvre la voie à la construction d’infrastructures
de liquéfaction de gaz aux USA, permettant ainsi le transport maritime depuis
le territoire américain. Les Etats-Unis sont ainsi dans une logique où ils
pourraient encore davantage peser au niveau mondial sur le marché de l’énergie,
au détriment de l’OPEP et de la Russie.
Mais au plan
international hors Europe, les chinois ne sont pas en reste, puisqu’ils prévoient
également de se lancer massivement dans une production de gaz issus des
schistes. Malgré leur retard technologique en la matière, ils devraient à l’horizon
2015 se lancer dans une phase de production. Compte tenu de leurs réserves,
supérieures en théorie aux USA, ils devraient également devenir un acteur
important, même si leur production aura probablement comme destination en priorité
leur marché intérieur en pleine croissance.
Au plan européen, deux
pays ont présenté des avancées significatives sur ce domaine. En premier lieu l’Allemagne,
qui a autorisé la fracturation hydraulique sur 80% de son territoire, et qui va
pouvoir à court terme augmenter significativement sa production de gaz. En
second lieu le Royaume Uni qui prévoit de se lancer à corps perdu dans cette
ressource, alors que les gisements conventionnels exploités en mer du Nord s’amenuisent à vue d’œil. L’appui
gouvernemental est concrétisé par d’importantes exonérations fiscales,
annoncées par le Ministre des Finances, pour les entreprises qui se lancent
dans l’aventure. Cependant, d’importantes incertitudes demeurent sur les
réserves exploitables du pays.
Enfin en France, la
future production supplémentaire de gaz naturel se fera probablement par l’exploitation
de gaz de houille, et non de schiste. Des explorations se feront dans la région
Lot-Corrèze-Dordogne très prochainement. Pour ce qui est des gaz de schiste, un
sondage IFOP révèle que 58% des français seraient favorables à des explorations
en vue de connaître les ressources nationales, ce qui augmente de 10 points le
chiffre d’août 2012. Cependant, l’activisme des « antis » est
toujours de vigueur comme en témoigne la manifestation qui s’est produite à
Nantua, qui dénonçait un permis d’exploration (ne concernant pas les gaz de
schistes, mais l’exploration pétrolière) délivré dans le Jura. Il conviendra
également de suivre la sortie le mois prochain du film grand public « Promised
Land » de Gus Van Sant.
Du point de vue de notre
entreprise, les gaz de schiste de production nationale ne représentent pas
encore une éventualité, mais le gaz de houille pourrait se frayer une part sur
notre marché. Néanmoins, le prix du gaz va certainement varier à la baisse à
court-moyen terme, en raison notamment des exportations des USA qui commencent
à se concrétiser.
Il va de soi que si les
prix du gaz diminue, nos investissements dans les énergies renouvelables pourraient
s’en trouver menacés, ou que le déploiement de ce type d’énergies pourrait être
retardé.
